Pourquoi si peu de carottes made in La Roustide ?
Lors des dernières saisons d’hiver nos agriculteurs ont été amenés à acheter des carottes pour fournir nos paniers. Pourquoi leur culture est-elle si difficile?
La Roustide dispose du terrain sablonneux adéquat et du système d’arrosage à aspersion nécessaire pour permettre à la racine de ne pas se tordre et de rester tendre. Les filets destinés empêcher la mouche de la carotte de pondre des vers peuvent être installés, mais il reste le délicat problème de la concurrence de la croissance des mauvaises herbes. En culture conventionnelle il suffirait d’un peu de désherbant sélectif chimique.
En culture biologique, c’est beaucoup plus compliqué :
- La culture préalable d’engrais vert (phacélie/tagette)
est possible pour limiter l’envahissement par les mauvaises herbes et tuer les nématodes, mais c’est insuffisant.
- La solarisation, qui consiste avant semis à détremper le sol, à le couvrir d’une bâche transparente le plus
hermétiquement possible, à laisser les graines d’herbes non désirées germer puis mourir grillées…. est une technique astucieuse, mais réalisable uniquement en tunnel et en plein
été
- L’usage du bruleur à gaz (à 1300°C) est possible pour détruire les adventices sans attaquer la carotte lorsque
celle-ci pointe son nez, et avant que ne se forment les premières feuilles, mais peu efficace.
- Cette année Jean François a testé une nouvelle technique qui est la culture sur butte et le désherbage entre
les rangs avec cheval ou tracteur ; peu concluant car il faut passer souvent, et un retard de quelques jours est fatal : les « mauvaises » herbes ont gagné et se sont
installées.
- Il ne reste donc que la machine à vapeur, qui peut désherber en surface avant le semis, mais qui consomme 0,5 /m² (600m² par tunnel) et présente l’inconvénient de stériliser la surface du sol, ce qui n’est pas bon pour la vie organique (testée en 2007-2008) ; technique autorisée en bio donc, mais peu écologique …
- Dans tous les cas il faut compléter par un désherbage manuel, toujours couteux en main d’œuvre, et pourtant obligatoire. Cette année il y aura quelques carottes du mois de mai qui viendront courant octobre mais pas pour tout l’hiver. Jean-François prévoit de replanter des carottes en tunnel (pour les avoirs à Noël), mais en regrettant de devoir utiliser la machine à vapeur …. Il faudra les savourer à leur juste valeur !
Pourquoi avons-nous des salades durant l’hiver et non durant l’été ?
La culture de salade demande beaucoup d’eau ; en hiver les salades poussent (presque) seules et un seul arrosage à la plantation est suffisant. Face à la demande insistante des amapiens pour obtenir des salades en été, la Roustide a planté cette année batavia blonde (variété ancienne, blonde de Paris) et une autre variété, locale, craquante, qui résiste bien à la montaison. Résultat ; seul du mesclun a été obtenu et Jean François a pu confirmer qu’il faudrait que l’arrosage tourne en permanence. Il faudrait donc investir dans des asperseurs et utiliser une quantité énorme d’eau ; ceci confirme que la culture de salade dans le sud n’est pas compatible avec une démarche écologique[bm1] ….
Les tomates
Dure année. Rappelons que le manque de luminosité et de chaleur du printemps enneigé avait retardé leur maturité. Au printemps les plants étaient bien chargées et la récolte au mois de juillet a été très bonne …. mais la période de récolte a été écourtée au 15 août à cause d’une nouvelle terreur : la mineuse tuta absoluta, nouvelle venue des pays africains, qui, cantonné l’année dernière dans le et PACA, a réussi a traverser le Rhône cette année. Les pesticides de la culture conventionnelle ne sont pas efficaces, et cette terreur pullule dans de nombreuses exploitations ; cette petite chenille vit dans l’épaisseur de la feuille de la tomate et, gourmette, attaque particulièrement les variétés anciennes. En bio il est possible de détruire les larves avec du BT (Bacillus thuringiensis ) virus naturel, mis en poudre, qui fonctionne par contact en entrant dans l’intestin de la bête et l’empêchant ainsi de se nourrir.
Un essai est en cours pour des tomates (cerises, rondes et longues) plantées dehors en juillet, encore verte ; mais la réussite sera soumis à la météo de septembre.
Quelles sont les principales réussites cette saison ?
La culture de la fraise a bien marché, elle a peu souffert des prédateurs ; les 2 tunnels de fraises de printemps et les 2 tunnels de plants remontants ont produit tout l’été. Cette année le choix a été fait de garder les plans de l’année dernière pour économiser le prix des plans et la main d’œuvre de plantation ; les fraises obtenues la 2ème année sont plus petites mais tout aussi bonnes. Vous avez pu remarquer que la qualité gustative des fraises varie ; parce qu’il y a différentes variétés et parce que le goût varie selon la charge ; en général le goût est au détriment de la quantité.
La culture de la patate a également donné grande satisfaction à Jean François qui se félicite de son choix d’avoir investi (en collaboration avec Benoît Hertz) dans une machine à planter (750€) et dans une nouvelle machine pour ramasser (2500€) qui économise de nombreuses journées de main d’œuvre.
Autre réussite ; celle de l’oignon : cette année le paillage plastique a été remplacé par une plantation en ligne, un désherbage par Joyeux et …. des oignons très beaux.
[bm1]Pour info la Roustide doit s’acquitter chaque année de 4 abonnements de 1 500€ à Bas Rhône Languedoc pour le pompage dans le Rhône et atteint une consommation de 12 000 m3/ an.